Bonjour Serge,
La vision de la galaxie du Sombrero vous incite à quelques réflexions.
- Serge a écrit:
- Mais dites-moi, le globe lumineux qui s'étend sur presque toute la photo, s'agit-il bien d'étoiles et pas d'une diffusion de la lumière (qui n'existe pas dans l'espace, je pense) ?
Tout d’abord un petit "crobard" sur la structure d’une galaxie spirale avec quelques termes utilisés :
L'importance du halo autour de la galaxie du Sombrero ressort d'autant plus que cette galaxie est vue par la tranche (voir la photo de mon post du Mer 11 Oct - 12:43 tout en bas de la page précédente)
La majorité des étoiles d'une galaxie spirale est située d’une part dans le disque du plan galactique, d’autre part dans le bulbe sphéroïdal central.
Cependant, certaines étoiles très dispersées occupent un halo sphéroïdal entourant la galaxie et ne comportant pas de poussière interstellaire.
Ce halo galactique contient également de nombreux amas globulaires avec cette fois-ci des étoiles très concentrées, chacun typiquement constitué d’une centaine de milliers à une centaine de millions de vieilles étoiles, distribuées sphériquement, tel l’amas globulaire M80 l’un des 150 connus de notre propre Voie Lactée, à 27 400 années-lumière:
Donc oui, le halo est visible en raison de la lumière émise par les étoiles qu’il comporte et il ne s’agit pas de lumière "diffuse" ... dans le vide interstellaire qui ne diffuse pas.
Un traitement d’image, avec filtrage particulier, réalisé par Mark Neeser (Kapteyn Institute, Groningen) et Richard Hook (ST/ECF, Garching) permet de voir les nombreuses bandes de poussières de la partie centrale de M104. Il est aussi possible de suivre la structure spirale de la galaxie. Les zones sombres autour des amas globulaires du halo (et autour d'autres galaxies en arrière plan) sont provoquées par des artéfacts issus du traitement numérique de l'image. Cette image est fournie par l’ESO (European Southern Observatory) :
- Serge a écrit:
- Cette galaxie est donc presque sphérique ? Je ne savais pas qu'il existait des galaxies sphériques.
Il existe, Serge, différents types de galaxies formant
4 classes regroupant des caractères communs.
C’est Edwin Hubble qui réalisa cette classification, améliorée par Gérard Henri de Vaucouleurs, constituant un diagramme en forme de diapason :
Les 4 classes de galaxies sont donc :
-1) les
elliptiques (E), classées selon le degré d'"aplatissement" de E0 (
galaxie sphérique) à E7
-2) les
lenticulaires (L ou S0), séparées en 3 sous-classes L– , L, L+ selon leur contenu en poussières
-3) les
spirales (S), et les
spirales barrées (SB), chacune comprenant 4 types notés a, b, c, d, qui dépendent de différents paramètres morphologiques
-4) les
irrégulières (Irr) qui n’ont pas de forme précise
Les 200 galaxies les plus brillantes (selon le Third Reference Catalogue of Bright Galaxies, dont de Vaucouleurs est le co-auteur) situées dans un rayon de 110 millions d'années-lumière de nous se répartissent ainsi :
E =
............35 (17,5%)
L ou S0 =
...17 (8,5%)
S et SB =
..129 (64,5%)
Irr =
...........19 (9,5%)
Revenant au Sombrero, vous formulez :
- Serge a écrit:
- Peut-être n'y a-t-il que des poussières dans cette périphérie ?
Nous avons déjà vu, avec l’image au filtrage particulier ci-dessus, la répartition des bandes de poussières
opaques à la lumière visible mais pas aux infrarouges.
L’image ci-dessous du Sombrero combine une observation
infrarouge du télescope spatial Spitzer avec celle, dans le
visible, du télescope spatial Hubble. Spitzer ajoute de nouveaux détails au noyau et au bulbe avec d'épaisses traînées de poussières. Le rayonnement infrarouge fait ressortir la poussière et assombrit l'anneau brillant. Le gigantesque anneau de poussières devient également
transparent en infrarouge. Ceci permet de rendre visible le disque interne d'étoiles, en bleu, qui se trouve dans l'anneau de poussière.
Peut-être encore quelques précisions sur le Sombrero (ou M104 ou NGC 4594) pour en terminer:
- sa classe dans le diagramme en "diapason" : Sa
- la distance qui nous sépare de cette galaxie : 30 millions d’années-lumière
- son diamètre : 80 000 années-lumière (comparable au diamètre de notre Voie Lactée)
- vitesse de récession par effet Hubble (c'est-à-dire l’expansion de l’univers observable) : 1 000 km/s
- sa population : 800 milliards d’étoiles (environ 4 fois plus que notre Voie Lactée)
Cordialement,
Jean